En tant que cavalier, vous êtes peut-être dans une des situations suivantes :
- Votre cheval a peur de tout : il voit des « fantômes », sursaute, fait des écarts, panique et démarre pour un rien.
- Votre cheval a toujours peur au même endroit de la carrière / du manège / du chemin, même quand il y passe tous les jours.
- Votre cheval a parfois peur de choses qu’il connaît déjà alors que pourtant la veille tout se passait bien
- Votre cheval a peur en extérieur, pourtant vous l’avez sorti à pied de nombreuses fois et vous le rassurez toujours !
- Parfois, vous pensez que votre cheval fait exprès ou semblant d’avoir peur car « il ne veut pas travailler » et/ou « il veut vous tester ».
Le cheval peut-il « faire exprès » ou « semblant » d’avoir peur ?
Tout d’abord, il est important de réaliser que le cheval ne fait pas « exprès » ou « semblant » d’avoir peur de tout pour embêter son cavalier ou le tester !
Le cerveau du cheval ne lui permet tout simplement pas de réfléchir ainsi. En effet, son néocortex (la partie du cerveau destinée au langage, qui traite la planification et l’imagination) est très peu développé.
Le cheval n’a donc pas la capacité d’analyser une situation ou de planifier ses actions.
Son intelligence est associative. Il associe donc la situation présente à des sensations ou à des émotions : bon ou mauvais, dangereux ou non, confortable ou inconfortable, douloureux ou pas. Il utilise ses 5 sens pour prendre connaissance de son environnement et le mémoriser.
Pourquoi le cheval a-t-il peur ?
L’environnement
Afin d’assurer sa survie, le cheval a développé la faculté de pouvoir lire son environnement de manière quasi immédiate, ainsi qu’un fort instinct de fuite. Ses sens sont très développés, notamment sa vision panoramique, son ouïe et son odorat.
La sensibilité de l’individu joue également un rôle, certains chevaux sont naturellement plus sensibles à leur environnement que d’autres.
En tant qu’être humain, nous ne percevons pas toujours ce qui fait peur au cheval, d’ou cette impression qu’il « voit des fantômes » :
- Le cheval peut être alarmé par un objet qui a changé de place par rapport au jour précédent.
- Il peut avoir peur car une odeur lui rappelle quelque chose de désagréable ou est associée à quelque chose de désagréable.
- Il peut avoir peur car il entend un bruit que le cavalier ne perçoit pas / voit quelque chose derrière lui ou sur les côtés que son cavalier ne voit pas.
L’aspect physique, mental et émotionnel
La peur du cheval peut être liée à un problème physique (douleur, etc.), il faut donc vérifier que physiquement, tout va bien.
Au niveau mental, elle peut être causée par un manque de préparation du cheval : par exemple un jeune cheval qui n’est tout simplement pas assez expérimenté pour faire face à la situation inquiétante.
Le cheval peut également avoir peur à cause d’un problème émotionnel :
- Il est très grégaire et est donc plus centré sur les autres chevaux que sur l’humain
- Il y a un manque de connexion avec le cavalier et le cheval ne lui fait pas confiance
- Il y a trop de stimuli extérieur : par exemple un rassemblement de chevaux.
L’effet rebond post-inhibition
Pour les chevaux enfermés au box toute la journée, il peut également s’agir de l’effet rebond post-inhibition, c’est à dire l’augmentation de l’expression d’un comportement suite à une période de restriction.
Le cheval n’a pas pu se déplacer pendant un long moment, donc il réagit beaucoup plus fort à un danger perçu que d’habitude – il « dégaze » à la sortie du box et n’arrive pas à gérer sa peur.
Les actions du cavalier
Le cavalier peut également être responsable de la peur du cheval par ses propres émotions et ses actions :
- Le cavalier a lui-même peur : il se crispe et transmet sa peur au cheval.
- La communication du cavalier avec son cheval n’est pas claire : il n’utilise pas des codes cohérents et n’est pas constant dans ses demandes : le cheval est donc perdu et pas du tout rassuré.
- Le cavalier ne sait pas rassurer son cheval en lui mettant un cadre connu.
- Le cheval hésite et le cavalier se fâche : il talonne, cravache, lui crie dessus, etc., le cheval associe donc le lieu ou l’objet à une situation désagréable.
- Le cavalier renforce la peur du cheval en essayant de le rassurer : il caresse son cheval et le félicite quand il a peur et/ou vient de faire un écart et valide le comportement de son cheval qui recommencera par la suite car il croit que c’est la bonne réponse.
L’importance de l’éducation pour gérer la peur du cheval
La peur est une réaction instinctive et est donc tout à fait normale pour le cheval. Néanmoins les réactions de fuite et les défenses face à la peur sont un signe de manque d’éducation.
Un cheval qui a peur de tout est plus centré sur l’environnement que sur son humain et il y a un manque de confiance, de connexion et de contrôle des pieds du cheval.
Chaque cavalier est 100% responsable de l’éducation de son cheval.
Afin de gérer la peur du cheval il lui faudra donc également travailler sur lui-même et acquérir les savoir-être et les savoir-faire nécessaires pour l’éduquer correctement.
Comment apprendre à votre cheval à mieux gérer sa peur
Pour apprendre à votre cheval à adopter de nouveaux comportements dans les situations qui lui font peur, vous allez le travailler de manière progressive en utilisant le modelage et les 10 principes d’apprentissages de L’ISES issus des recherches scientifiques en éthologie équine.
Les prérequis pour le cavalier
- La posture / La présence : Travaillez sur vous-même et vos propres émotions. Il est important que vous soyez calme et posé. Respirez profondément, relaxez-vous et adoptez une posture physique décontractée.
- Le mental / Le monologue intérieur : Concentrez-vous sur le résultat que vous voulez obtenir et pas sur ce qui risque d’arriver. Plutôt que de vous dire que votre cheval va faire un écart ou un démarrage, focalisez-vous sur ce que vous souhaitez : « Je veux que mon cheval reste calme ».
- Le focus : Faites attention à votre focus. Est-ce que vous anticipez la réaction de votre cheval ? Est-ce que vous regardez par terre ? Est-ce que vous regardez l’endroit ou l’objet qui fait peur au cheval ? Si vous vous focalisez sur l’objet effrayant, le cheval le fera aussi !
Les prérequis pour le cheval
- L’éducation aux 4 mouvements de bases à pied et monté : avancer, reculer, déplacer les hanches, déplacer les épaules. Si vous contrôlez les pieds de votre cheval, vous contrôlez son esprit. Celui-ci sera donc plus connecté avec vous.
- L’habituation pour lui apprendre à être plus courageux quand quelque chose ne le concerne pas.
- Des conditions de vie respectueuses de son bien être : avoir une vie sociale, manger, boire, bouger à volonté.
Aider le cheval à développer sa curiosité naturelle envers les objets insolites, en utilisant le mot « Touche ».

Vous allez apprendre à votre cheval à aller inspecter et toucher du nez les objets effrayants, en associant un code vocal (conditionnement opérant). Cet exercice se base sur la curiosité naturelle du cheval et s’apprend très facilement.
Pour commencer, vous allez placer des objets intéressants (plot, ballon, bâche etc…) dans votre carrière ou manège et aller les inspecter avec votre cheval en main. Si nécessaire, commencez avec des objets qu’il connaît déjà et dont il n’a pas peur.
Utilisez un code vocal, par exemple « touche » et dès que votre cheval inspecte l’objet avec son nez, récompensez abondamment (gratouilles, bonbons, etc.).
Au bout de quelques répétitions, il associera le code vocal à l’action d’aller toucher un objet avec son nez.
Une fois que c’est acquis en main vous pouvez ensuite apprendre à l’envoyer vers des objets à distance pour qu’il aille les toucher de lui-même, toujours en associant le code vocal, afin qu’il prenne confiance en lui sans votre présence à ses côtés.
Vous pourrez ensuite progressivement introduire des objets de plus en plus insolites, puis aller inspecter des objets autour de l’écurie et en extérieur (poubelles, etc.).
Une fois que votre cheval à pris confiance à pied, vous pouvez reproduire cet exercice monté, d’abord dans le manège, puis en extérieur.
A force de répétions, votre cheval développera sa confiance en lui et sa curiosité naturelle, car il aura associé les objets effrayants à une source de récompenses ! Au lieu d’avoir peur des choses inquiétantes, il voudra de lui-même aller les inspecter.
Apprendre au cheval à apprécier les zones effrayantes de la carrière ou du manège.
Lorsque vous êtes à cheval, le cheval n’a pas votre présence à ses côtés pour le rassurer.
Lorsque vous le montez, si votre cheval est effrayé par un objet ou une zone dans la carrière ou le manège et a tendance à fuir systématiquement à cet endroit (écarts, démarrages, etc) alors vous allez faire en sorte de rendre cette zone confortable pour lui à l’aide du renforcement positif.
Approchez-vous progressivement de l’endroit qui lui fait peur et dès que votre monture accepte de s’approcher, relâchez toute pression immédiatement et récompensez abondamment votre cheval : caresses, bonbons, etc.
Attention : Il est important de savoir lire son cheval et ses premiers signes de peur pour éviter de le mettre dans la zone rouge.
Soyez progressif, et ne lui en demandez pas trop d’un coup au risque d’obtenir une forte réaction de fuite et de renforcer sa peur. Contentez-vous de peu, et récompensez beaucoup avant de redemander.
Restez rênes longues. En effet moins le cheval est tenu dans les moments de peur, plus il est rassuré. Ne lui mettez surtout pas la pression entre vos mains et vos jambes.
Une fois que le cheval accepte d’aller dans la zone effrayante, utilisez cette zone systématiquement pour les moments de repos du cheval pendant votre séance de travail et continuez de le récompenser à cet endroit, afin que le cheval ait envie d’y aller de lui-même.
Les critères de réussite
- Mon cheval est plus serein il passe dans le calme et la détente
- Il va toucher ce qui lui fait peur car il l’a associé à la récompense
- Je saisis les opportunités pour éduquer mon cheval
- Je me sens plus confiant car je maîtrise mieux les pieds de mon cheval
Que faire si ça ne marche pas ?
Le cheval refuse d’avancer ou recule
Si le cheval ralentit ou s’arrête, laissez-lui le temps d’analyser la situation. Quelques secondes suffisent. Demandez-lui ensuite d’avancer à nouveau un pas après l’autre.
S’il répond correctement, récompensez abondamment.
N’hésitez pas à approcher un pas à la fois avec des temps d’arrêts : vous lui faites faire un pas et VOUS l’arrêtez, ce n’est pas lui qui s’arrête par peur. De cette manière c’est vous qui contrôlez les pieds du cheval et il ne passe pas dans la fuite ou dans l’opposition.
Pensez à féliciter abondamment dès que le cheval fait un pas dans la bonne direction.
Si le cheval ne répond pas à votre demande pour aller en avant et que vous avez utilisé toutes vos phases, créez du mouvement en mobilisant les hanches ou les épaules, puis redemandez.
Lorsque vous agissez avec vos jambes, si le cheval recule au lieu d’avancer, mobilisez ses hanches afin de rendre la mauvaise réponse inconfortable pour lui.
Le cheval a des réactions de fuite ou panique
Si le cheval fait un écart, un démarrage ou fait demi-tour face à l’objet ou la zone qui fait peur, il faut reprendre le contrôle de ses pieds.
Mobilisez ses hanches ou ses épaules afin de reprendre le contrôle de ses pieds, et de le mettre dans l’inconfort lorsqu’il donne la mauvaise réponse. Vous pouvez aussi travailler le reculer et la flexion latérale : tant qu’il bouge vous continuez de demander la flexion (sans mettre de jambes si vous êtes à cheval).
Dès que vous avez repris le contrôle des pieds, demandez-lui à nouveau d’aller dans la bonne direction pas à pas comme indiqué plus haut. Relâchez la pression et récompensez à chaque pas dans la bonne direction.
Plus le cheval a du cadre et comprend les demandes claires de son cavalier et moins il fait de choses plus il est rassuré.
Si vous rencontrez des difficultés lorsque vous êtes à cheval, vous pouvez descendre et travailler à pied en utilisant la conduite latérale pour l’envoyer sur l’objet et/ou l’endroit qui lui fait peur.
Si nécessaire, placez-vous dans un premier temps entre lui et le danger pour le rassurer, puis dans un deuxième temps, faites le passer entre vous et le danger.
Vous rencontrez toujours des difficultés
Si vous rencontrez toujours des difficultés, n’hésitez pas à faites appel à un professionnel compétent qui saura vous aider à éduquer votre cheval en toute sécurité. N’attendez pas que la situation se détériore.
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2 réflexions au sujet de “Mon cheval a peur de tout, que faire ?”
Un grand merci à vous de nous enseigner sur un des sujets qui posent le plus de difficultés dans l’éducation d’un cheval: la peur qui peut vite conduire à la perte totale de confiance du cheval et du cavalier.
Votre article est du pain béni pour nous éducateurs et propriétaires de jeunes chevaux. Pour ma part, je viens de récupérer deux jeunes chevaux trotteurs tout droit sortis des courses et votre article me conforte complètement dans ce que je mettais en application. J’ai déjà eu l’expérience de trois autres chevaux à éduquer et ma devise est celle : fait et je t’aiderai à y parvenir…belles bases pour construire une connivence et un respect mutuel entre mes dadas et moi-même. Ceci étant, « l’autorité » dite naturelle doit demeurer pour que la progression prenne sa place. Pas question que le cheval devienne dominant dans la relation, elle doit demeurer partage et communication pour parvenir à une reconnaissance réciproque de l’utilité de chacun.
Les encouragements et valorisations de l’animal sont aussi un trésors et même si parfois cela peut tourner au ridicule pour des personnes extérieures, je n’hésite pas à encourager et à récompenser mes chevaux lorsqu’ils font bien les choses ce qui renforcent évidemment notre relation de confiance.
J’ajouterai juste que n’est pas taillé pour l’éducation d’un cheval qui veut!
C’est comme les gosses, n’est pas toujours parents celui qui enfante alors n’est pas toujours bon propriétaire celui qui a signé le chèque pour faire sien un quadrupède!
Il faut beaucoup d’humilité, de bon sens et de patience pour transmettre ce qui édifie un cheval et trois minutes d’erreur suffisent à le démolir profondément alors pour cette raison, votre article est bien la preuve que nous avons toujours besoin d’une source extérieure pour nous assurer que nous sommes sur la bonne voie et pourvus des bonnes méthodes.
Merci encore à vous pour la qualité de votre article.
Catherine
Bonjour à tous les deux,
Excellente initiative que de nous communiquer cette synthèse dans le développement du processus de peur et sa relation avec l’environnement et le ou la cavalière.
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